mercredi 7 janvier 2009

rurales et divorcées, les nouvelles prostituées de la société (suite)




Fatima agée de 38 ans, est séparée de son époux depuis plus de 10 ans; celui ci vit en Lybie. " je raconte que je suis mariée, je ne veux même pas entamer une procédure de divorce car je vis la vie que je désire. Ayant le statut de femme mariée, personne ne peut rien me dire. Je sors et je rentre avec qui je veux quand je veux. Les voisins me laissent tranquille, je travaille et gagne ma vie. Malgré mon vécu dramatique avec mon mari en lybie, personne ne comprendrait que je divorce alors que je profite de ce statut pour faire ce qui me plait. Je suis d'ailleurs en train de m'acheter une maison sans qu'ils le sachent et étant toujours marriée, on me donne des avantages." Comble de l'hypocrise!

Naime acquiesce. " vous ne pouvez pas comprendre que vivre en plein jour, c'est se suicicer"

Depuis quelques années, elle a réussi à quitter la campagne pour la ville mais a dû mentir sur son statut pour avoir la paix. "Personne ne sait que je suis divorcée, pour mes voisins, mon mari est en voyage permanent, j'ai enfin une vie normale, je ne veux pas la gacher." Fatiha n'a hélàs, pas la chance de mentir, mais elle fait preuve d'un rare optimisme. "Un jour je quitterais cet endroit et je m'installerai en ville une fois divorcée sur le papier et la maison vendue. Les femmes d'ici n'ont pas de courage, tous les matins, je me lève aux aurores, et me tape une heure de transport pour aller travailler; rien ne m'enlevera ma liberté."

Elle habite dans un petit village perdu sur la route de Dar Bouazza depuis qu'elle est séparée de son mari. Sa maison, comme elle le décris est un véritable taudis construit en tôle, le toit menace de s'effondrer à la moindre intempérie. Mais il ya bien pire, dans le même bidonville, il y a Aziza et ses deux filles qui vivent dans une baraque faite de cartons et de plastiques (voir photos). Elle aussi n'ose pas partir malgré les mauvais traitements, la pauvreté et les conditions de vie. "Où irions nous? nous sommes couverts de dettes et sans travail."

Des femmes comme elles, il y en a beaucoup plus que l'on ne croit. selon des chiffres du ministère de la justice, 88% des femmes qui demandent le divorce finissent par retourner auprès de leur mari, contre 11% des hommes. Elles sont estimées à 2.472 sur les 21.328 divorce prononcés en 2007. La poportion de demande de divorce cette année là a atteint les 40.000. pas moins de 26.000 femmes en auraient fait la demande contre 14.000 hommes. Quelques 21.328 jugements ont été pronocés et exécutés, et 10.356 dossier sont été rejetés. Le jugement pour désaccord mutuel est le plus invoqué.

Au tribunal des Habous à Casablanca, on peut se rendre compte facilement de la désolation: tout le Maroc est en train de divorcer. Dans toutes les salles, des centaines de femmes et une poignée d'hommes attendent patiemment leur tour, assis, debouts..."c'est comme ça tous le jours et encore là c'est calme" commente un policier.

Une femme agée avec un oeil au beurre noir commence à parler. Elle raconte qu'elle va divorcer après 47 ans de mariage parce que son mari l'a mise dehors après avoir trouvé une femme plus jeune. "j'ai refusé de partir, il m'a frappé, je vis chez ma fille depuis...c'est tellement grave qu'il veut que nos enfants achètent une maison pour sa nouvelle femme." Une autre femme plus jeune témoigne: "Mon mari a essayé de m'empoisonner avec de la mort aux rats quand j'ai voulu le quitter". Dans ce cas au moins justice est bien faite, le conjoint est actuellement en prison.

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