mercredi 25 août 2010

Angleterre : Ali Bahaijoub, britannique d’origine marocaine, candidat aux législatives

reportage pour MEDI1 SAT

http://http://www.medi1sat.ma/fr/angleterre-ali-bahaijoub-britannique-d%E2%80%99origine-marocaine-candidat-aux-l%C3%A9gislatives-maroc-infos-6358

Souad Talsi: « Les Marocains d’Angleterre sont parfaitement intégrés mais ne sont pas assimilés »


Souad Talsi, membre du CCME, représentante au sein du NMWAG (Groupe Consultatif National des Femmes Musulmanes en Grande Bretagne) ,et du (MRAP), « Boris Johnsons’’ Migrant and Refugee Advisory Panel »

Conseillère juridique au sein de Citizen Advice bureau, fondatrice d’Al Hassania, le premier et unique centre pour les femmes Marocaines d’Angleterre, membre du Conseil de la Communauté Marocaine à L’Etranger (CCME), représentante du groupe consultatif national des femmes musulmanes au sein du gouvernement de Grande Bretagne, et du MRAP, dont le rôle est de conseiller le maire de Londres sur la meilleure stratégie a adopter vis-à-vis des migrants et refugiés vivant a Londres, Souad Talsi, a presque 50 ans, déborde d’énergie et de projets prometteurs pour la communauté marocaine en Angleterre. Cette militante des droits de l’homme et de la femme, s’investit dans la lutte contre les inégalités et pour la reconnaissance du patrimoine et de la culture marocaine à l’international, un travail de longue haleine qu’elle réussit brillamment grâce à la collaboration des gouvernements marocains et anglais.


On l’appelle la Rachida Dati d’Angleterre pour son assurance, son sens de la justice et son tempérament de feu. Même si physiquement la ressemblance est frappante, la comparaison ne plait pas beaucoup à cette militante convaincue, car, contrairement à cette dernière, elle considère que son « sosie » n’a pas du tout les mêmes objectifs. Des objectifs tels que l’amélioration des conditions de vie de la communauté marocaine à l’étranger ainsi que la promotion des droits de la femme et la lutte pour le changement, aussi bien au Maroc que dans le monde. Un combat difficile qu’elle mène depuis plus de 30 ans.


Une rebelle dans l’âme
Arrivée en 1972 à Londres, Souad Talsi reconnait être la digne fille de son père, socialiste et défenseur des droits des travailleurs Marocains, et de marcher sur ses traces : « L’argent n’a jamais été un but dans ma vie et ne le sera jamais ! je vois la vie comme une étape qui a pour but de nous rendre plus humains et non pour faire du profit car, une fois disparus de cette terre, que nous restera t-il ?» Ce plaidoyer pour l’humanité, elle le crie haut et fort mais le met aussi en application depuis sa plus tendre enfance.


Etant la plus instruite, elle endosse le rôle de l’ainée se retrouve rapidement introduite dans ses affaires, en devenant, à l’âge de 15 ans, traductrice pour aider les immigrés marocains à avoir accès aux services de santé et aux administrations anglaises : « Les premiers immigrés marocains étaient souvent illettrés ou analphabètes et ne savaient donc pas parler anglais, comme j’allais à l’école anglaise, mon père me demandais de l’aider à traduire leurs documents ou de leur servir d’interprète quand ils devaient se rendre quelque part. Ce fut ma première initiation dans l’univers du social et de la justice.» Une initiation qui la mènera sur les bancs de la faculté de droit quelques années plus tard, puis à Citizen Advice Bureau, une ONG d’aide juridique, où elle y deviendra celle « qui fait les papiers » auprès des immigrés Marocains. Une réputation sans précédent qui lui vaudra la rencontre avec des concitoyens de tout le Royaume Uni. « J’étais responsable du département d’immigration pour la communauté Marocaine, je les aidaient à obtenir leur visa de travail ainsi que la nationalité britannique, ce qui était très facile à l’époque car il n’y avait pas d’obligation pour eux de connaître la langue, et leur mariage avec des citoyens britanniques leur donnait accès directement à la nationalité. Du coup une grande partie des Marocains de tout le Royaume Uni venaient demander mes services. »

Un investissement personnel
Mais Souad n’est pas assez satisfaite de l’aide qu’on offre à ces gens et décide, le 26 novembre 1985, d’ouvrir Al Hassania, le premier centre d’Angleterre pour les femmes Marocaines. Un centre dont le but premier était de faciliter l’accès aux soins pour les femmes marocaines : « Je trouvais cela criminel que les enfants servent d’interprètes pour leurs mères et qu’ils soient obligés de répondre à des questions très intimes à leur place, telles que leur dernière prise de pilule. » Ensuite, pour arrêter la violence domestique, qui selon elle faisait rage au sein de la communauté et qui était malheureusement, acceptée par les femmes. Une campagne qui lui aura attiré les foudres d’une partie de son entourage : «J’ai été jugée en tant que briseuse de ménage par les extrémistes mais cela m’est égal car, je suis persuadée qu’une femme heureuse est la base d’une heureuse famille ». Enfin, si ce centre a vu le jour, c’est également pour que les jeunes générations de marocains britanniques n’oublient pas leurs racines : « Il y a une différence énorme entre l’intégration et l’assimilation, être intégré cela veut dire être accepté tels qu’on est et vivre en harmonie avec les autres ethnies. Être assimilé, c’est devenir quelqu’un d’autre qu’on n’est pas. Les marocains d’Angleterre sont parfaitement intégrés contrairement aux autres pays de L’UE. Preuve en est, ils parlent parfaitement anglais mais n’ont jamais oublié l’arabe, même les jeunes générations qui ne sont pas nées au Maroc parlent arabe aussi bien que leurs parents.»


Ce travail acharné lui vaudra une place au sein d’une antenne du gouvernement britannique, le NMWAG, « groupe consultatif national des femmes musulmanes », quelque temps plus tard. Déterminée et forte tête, elle arrive à démontrer l’inexistence sociale de la communauté marocaine en tant que telle en Angleterre auprès du premier ministre anglais Gordon Brown. Elle va même plus loin. Elle réussit à faire tourner une circulaire à la chambre des Communes qui stipule et démontre à quel point les marocains sont assimilés à toutes les autres communautés musulmanes de Grande Bretagne. « Il existe un vrai problème d’assimilation entre les musulmans d’Asie, du Moyen orient et du Maghreb, ici en Angleterre. Les Anglais sont devenus tellement politiquement correct qu’ils n’osaient pas montrer les différences entre les communautés, de peur de se faire passer pour des racistes. Pour eux, parler des «musulmans de Grande Bretagne » se résume à une seule communauté alors qu’il y en a une incroyable variété. » Cette patriote dans l’âme, qui aime proclamer la vérité, même si elle dérange, obtient gain de cause et a envisage de bientôt créer le premier centre culturel marocain. « Je me suis rendue compte qu’à chaque fois que nous devions représenter la culture Marocaine, cela se passait au Centre culturel français. Je ne trouve pas cela normal. »


Des rencontres clés
Cette volonté d’aboutir et de construire, la conduit a être nommée par le roi en tant que représentante au CCME (Conseil de la Communauté Marocaine a l’Etranger) pour le Royaume Uni. Une position volontaire dont elle est fière de n’y avoir aucun avantage en nature, car, comme elle dit elle-même, sa seule satisfaction est de contribuer a l’épanouissement de la communauté marocaine vivant a l’étranger et de savoir que des personnes travaillent dur pour que les femmes puissent transmettre la nationalité marocaine automatiquement à leurs enfants ou que celles ci n’iront plus travailler comme des esclaves en Espagne pour récolter des fraises. Même si elle est parfois découragée par la lenteur et le manque de sérieux de certaines institutions marocaines, elle reconnait qu’il y a eu des progrès certains. Tout comme, elle reconnait que le Maroc travaille dur pour faciliter le retour des cerveaux au pays, surtout au niveau administratif. « Beaucoup de jeunes Marocains Anglais rentrent tenter une expérience au sein de leur pays d’origine car mis à part les opportunités économiques, ils restent attachés à la mère patrie. Même si le français est concrètement la langue la plus utilisée, si l’on exclut la partie analphabète de la population, sa quasi exclusivité comme moyen de communication reste un énorme obstacle pour toute personne d’origine marocaine ne maitrisant pas la langue de Molière. Il s’agit la d’un problème qui doit être résolu de manière prioritaire car prés de la moitié de la population d’origine marocaine vivant a l’étranger ne parle pas cette langue. »
Son but final ? Pousser les institutions au Maroc et en dehors du Maroc à mettre en application les solutions créées avec les divers partenaires politiques, économiques et sociaux pour…un Maroc meilleur.

samedi 9 janvier 2010

Mehdi Cherif, trader matières premières à Canary Wharf


Le nombre de cadres marocains qui ont décidé de s’établir à la City s’accroît d’année en année. Même si beaucoup choisissent Londres par défaut, la majorité d’entre eux restent finalement bien plus longtemps qu’ils ne le pensaient sur le sol anglais. Les raisons principales étant la liberté d’entreprendre, la perspective de nouvelles opportunités, l’intégration et surtout la constitution d’un bagage solide pour un éventuel retour au pays. Retenez bien leurs noms car ce seront peut-être les décideurs de la finance marocaine de demain.


A 26 ans, Mehdi Cherif est l’un des rares rescapés de la crise financière qui a licencié à tour de bras un grand nombre de ses collègues l’année dernière. Arrivé en juillet 2006 à Londres, voilà maintenant 4 ans que le jeune trader travaille à Canary Wharf, l’une des plus grandes plateformes du business avec la City, dans l’une des plus prestigieuses banques américaines. Une expérience enrichissante qui a retardé son projet de retour vers le Maroc.Après un bac obtenu au Lycée Lyautey de Casablanca, Mehdi s’envole pour Paris où il intègre la prestigieuse EDHEC, au bout de deux années de prépa. Pour son stage de fin d’études, il postule auprès des grandes banques à Paris et à Londres dans le secteur de la finance, plus précisément dans le domaine fusion acquisition qui l’intéresse tout particulièrement. C’est finalement à Londres qu’il fera ses premiers pas dans la vie active en juillet 2005 à travers un stage, au sein de la même firme qui l’emploie aujourd’hui. « Je suis venu pour un stage de trois mois, et on m’a proposé de m’embaucher pour l’année d’après. J’ai finalement été pris dans un autre secteur où je voulais travailler depuis longtemps, celui des marchés de matières premières». Poste qu’il considérait plus conforme à sa personnalité et qu’il occupe depuis plus de quatre ans. La crise aura à peine atténué les ambitions de ce jeune financier. D’autant que son activité, le marché des matières premières, a été beaucoup moins touchée que les autres. «Nos principaux clients restent des entreprises et non des banques ou des centres d’investissement. C’est un avantage aussi» assure Cherif. Avec du recul il qualifie son expérience, aujourd’hui, d’enrichissante et de bien plus méritocratique que la France. «Londres permet plus d’opportunités en matière de business. En France, nous restons tout de même très limités. Certes, nous pouvons nous retrouver au chômage du jour au lendemain mais la liberté d’entreprendre vous construit de solides assises pour le futur». Un futur qu’il ne dissocie pas du Maroc, son pays natal auquel il reste très attaché : «Je pense rentrer au Maroc tôt ou tard. Je m’étais donné deux ans à l’étranger, je suis finalement resté quatre ans. Il est vrai que j’aime mon travail actuellement car les jours ne se ressemblent pas, et je suis assez libre de mes mouvements. Mais en tant que Marocain, nous sommes rattachés naturellement à la mère patrie et nous désirons faire partie de la nouvelle génération d’entrepreneurs qui pourra hisser le Maroc vers le haut». Même si son expérience professionnelle avec le Maroc ne se limite qu’à des échanges et des négociations avec des clients, Cherif n’exclut pas d’étudier d’éventuelles propositions de recrutements par des entreprises marocaines. Beaucoup de ses amis sont rentrés au Maroc et s’y plaisent. Même si la grande majorité désirent concrétiser leurs projets personnels, travailler pour une firme marocaine n’est pas une hypothèse qu’ils écartent. «Les salaires ne sont peut-être pas les mêmes mais la qualité de vie que nous avons au Maroc n’est pas comparable à celle que nous avons ici où tout bouge à 100 à l’heure et ne vous laisse aucun répit». Un choix de vie que beaucoup de nos compatriotes auront fini par adopter.

bonne année à tous!

Après un mois au Maroc à 24 degrés, me revoici à Londres sous la neige...un temps idéal pour faire quelques articles. En attendant, Je vous souhaite une bonne année :)

vendredi 13 novembre 2009

Moroccan's first investment conference



«Les Britanniques méconnaissent le Maroc»


Interview réalisée à Londres par Vanessa Pellegrin


James Todd, directeur manager d’Unilever Maghreb


- L’Economiste: Quelles sont les différences entre les environnements marocain et britannique du travail?


- James Todd: J’ai travaillé en Angleterre pendant plusieurs années, je pense que chaque pays a sa particularité. Lors de mes premiers mois au Maroc, j’ai été impressionné par le dynamisme du pays, ses opportunités, l’hospitalité des gens et leur force de travail.


- Vos collègues ont reproché aux Marocains de ne pas employer suffisamment l’anglais…


- J’ai été très impressionné par le niveau d’anglais qui se pratique au sein des institutions financières marocaines. Je pense qu’ils ont été un peu durs avec vous. Les Britanniques devraient également faire des efforts pour communiquer en français ou en arabe. J’essaie personnellement d’améliorer mon français, il n’y a pas qu’un seul côté qui doit faire des efforts. De plus les gens que je côtoie au Maroc essayent de me comprendre et de communiquer dans ma langue. C’est très représentatif de la mentalité marocaine, ouverte sur le monde et volontariste.


- Est-ce qu’il y a un aspect particulièrement agaçant pour un investisseur britannique au Maroc?


- (Rire) Non, et puis l’heure n’est pas à la critique, nous sommes ici pour promouvoir le Maroc et l’encourager dans ses actions. Nous sommes tous confrontés à des défis où qu’on soit dans le monde. Il faut évaluer le Maroc sur ses qualités, ses opportunités, ses compétences… J’aime travailler au Maroc.


- Comment se fait-il alors que vos confrères soient si frileux en matière d’investissement?


- Je pense qu’ils méconnaissent le Maroc et qu’ils n’ont jamais été très curieux jusqu’à maintenant. Leur réticence vient plus d’une ignorance que d’un véritable rejet du Maroc. Je pense qu’à force de communication ils finiront par investir car nos deux pays ont de très bonnes relations.

jeudi 12 novembre 2009

commerciale ou esclave?


J'ai envie de vous faire partager une expérience amusante, ma première et unique expérience en tant que commerciale à Londres.


Tout a commencé un beau matin ( nuageux avec quelques rayons de soleil), où je me suis dit que je devais arrêter de faire la fête et de commencer à travailler. Évidemment, avec mon anglais approximatif, j'avais d'ors et déjà renoncé à travailler dans les médias ici, un job de réceptionniste, de vendeuse ou de barmaid aurait fait l'affaire. Voila donc que j'envoie des CV...sans mentir, j'en ai peut être envoyé un millier en l'espace d'un mois et user trois paires de bottes à force de crapahuter dans les rues de cette immense ville. Sans Succès.


Et puis un autre beau matin, je reçois un mail: " Chère Mlle Pellegrin, nous avons le plaisir de vous informer que vous êtes sélectionnée parmi les nombreux candidats qui ont postulé à notre offre et nous vous donnons rendez vous jeudi à 10h pour un premier entretien."

Mon moral qui était au plus bas remonte en flèche...Enfin une opportunité! Je me précipite donc pour répondre au rendez vous.


Jeudi arrive, je suis en tailleur, avec mes jolies et toutes nouvelles chaussures à talons, je respire la classe et je suis confiante. Après 30 min de métro où je suis collée contre la porte, tellement il y a de monde, j'arrive enfin devant le fameux bulding. Et la je me dis que je n'ai jamais postulé à ce job...


Je grimpe les escaliers, je sonne. Une jolie indienne m'ouvre, le sourire aux lèvres, apparemment très heureuse de me connaître et de mettre un nom ( qu'elle connaissait déjà) sur un visage. " Vous êtes Vanessa? enchantée, veuillez prendre place je vous prie"

l'ambiance est incroyable: musique house à fond, des gens en costards défilent, se saluent, rigolent...cela donne envie.


Je remplis le dossier: nom, prénom, date de naissance, CV, casier judiciaire, précédents employeur...je regarde autour de moi, les postulants sont jeunes, entre 20 et 30 ans...seul mon voisin, un chinois, parait avoir la quarantaine. On nous convoque, nous rentrons dans une petite salle, le chinois, une autre fille et moi même. Une autre jeune femme, nous salue et commence à nous poser des questions. Je me défend bien, cela n'est pas la première fois que je passe un entretien d'embauche. Après 15 minutes elle demande à la fille de la suivre et nous laisse seuls pendant 5 min. Elle revient et nous annonce que nous sommes sélectionnés pour le deuxième entretien dans deux heures. Nous sommes contents mais nous ne savons toujours pour quel poste nous sommes sélectionnés.


Deux heures plus tard, nous passons le second entretien avec succès et nous avons donc droit à notre première sortie sur le terrain. On me balade avec une Ukrainienne, très bavarde et speed, elle me donne le vertige. Nous rejoignons l'équipe, tous se tapent dans la main pour se saluer se motiver. Et là, enfin, le mystère s'élucide enfin: ces joyeux fanfarons font du porte à porte pour vendre des assurances médicales privées. Pendant donc une heure, je vois des portes se fermer, ou claquer violemment sous notre nez, je vois cette jolie ukrainienne bavarde et donner le vertige aux clients potentiels qui n'ont juste envie que d'une seule chose: qu'elle se barre!

Commençant à comprendre l'arnaque, je demande quand même combien cela est payé, elle me répond entre 150 et 500 livres par vente, un fait confirmé par les autres vendeurs qui pratiquent ce sport depuis plus d'un an pour certains. Je lui demande s'il y a un fixe, elle me répond que oui. Un fixe de 1000 livres quand même. Sans compter tous les avantages comme celui de pouvoir monter sa boite, passer directeur, être promu rapidement etc...


Dans ma petite tête je me dis: " 1000 livres c'est bien assez pour moi même si je ne vend rien, j'aurais au moins ça plus une expérience dans une entreprise britannique sur mon CV...Why not?"


Retour au bureau, je suis embauchée..youpi !et je suis payée pour la formation d'une semaine ne plus, et vu mon parcours, je ne ferais que quelques mois en bas de l'échelle, histoire de faire comme tout le monde...la mentalité à l'anglosaxone: commencer très bas pour finir très haut...ce n'est pas si mal que ça finalement.


Premier jour de formation. L'Indienne qui m'avait accueillit avec un si joli sourire ne se souvient plus de moi comme par hasard, elle est d'ailleurs nettement moins aimable. Je suis en compagnie d'un abruti édenté, d'une jeune fille voilée, et d'une jeune fille paumée. Fort heureusement, pour moi, la jeune fille voilée est très sympathique et intelligente. Le prof est là, et commence à nous sortir son baratin. " Vous êtes les meilleurs! vous êtes des gagnants c'est pour cela que vous avez été sélectionnés! maintenant n'oubliez pas que vous devez travailler dur et réussir le test final pour être définitivement admis au sein de notre équipe." La pression monte, certains commencent à paniquer...pourtant rien de plus facile: de l'apprentissage par coeur et une répétition des techniques d'intimidation des clients. A chaque refus sa réponse, à chaque question sa réponse. En résume, j'ai appris à emmerder les consommateurs pendant une semaine.


Pourtant, les refus persistent malgré ces techniques révolutionnaires. J'ose le dire au prof qui me tue du regard :" pourquoi es tu là alors si tu n'y crois pas?" bonne question...je lui répond: "il ne suffit pas d'y croire, j'ai vraiment l'impression qu'on les embête quand on toque à leur porte, même vos meilleurs vendeurs sont confrontés à ce genre de problème." Il sait que j'ai fait mouche car tout le monde le regarde.


Il me déteste...


" Tu ne les ennuieras que si jamais tu pars avec cette idée dans la tête! tu ne viens pas seulement pour leur vendre quelque chose mais tu es aussi là pour garantir leur sécurité! quand j'ai vendu à quelqu'un une assurance, je me sens en accord avec moi même car je sais que sa famille et lui même sont protégés. j'ai fait mon devoir." Ben voyons...


Le baratin fonctionne, je me tais mais je deviens de plus en plus sceptique, je n'y crois vraiment pas. Comment gagner autant d'argent par jour? il faut parler à 80 personnes par jour selon lui c'est tout, entre 14H et 2OH.


Le jour du test arrive, l'abruti échoue, comme c'était prévu sauf que 5 min après le résultat et après avoir obtenu les réponses, il a le droit de le repasser le jour même et, forcément, il s'en tire avec un super score. La jeune voilée commence à me dire qu'ils se fichent peut être de nous, je lui ai dit que ce n'était qu'une confirmation de ce que je pensais.


Mardi, premier jour de travail, l'indienne nous zappe, plus besoin de faire semblant avec les nouveaux esclaves, ni d'épater la galerie. J'arrive en tailleur, mais sans talons cette fois, pas question de marcher des heures et de sacrifier mes pieds. Nous allons dans la grande salle où sont réunis tous les commerciaux avec le Big Boss. Ce dernier joue le grand jeu, il hurle, saute de joie, communique sa bonne humeur. Forcément, il est au bureau toute la journée, donne des ordres et se gave pendant que ces pions maigrissent à vue d'oeil.


" Comment ça va tout le monde???!!!!" " Bien chef!!!" répondent les gentils soldats en coeur. Il parle d'une compétition et de gagnants, je demande à mlle bavarde qui n'a pas arrêté de me saouler depuis deux heures: " oh c'est une promo pour tous ceux qui ont réalisé les meilleurs ventes!" le nom des gagnants est communiqué..explosion de joie dans la salle, et que je te tape dans la main et que je t'embrasse et que je jubile...cette mascarade a lieu tous les matins. Pour me rassurer je pense aux 1000 livres par mois et à mon besoin d'argent qui devient vital. Surtout que depuis une semaine, je paye ma bouffe et mon transport.


Sur le terrain, je suis sous les ordres d'un jeune indien avec qui je sympathise, il me dit la vérité: " je ne vais pas te mentir, tu vas bosser sur pour gagner trois fois que dalle, ça arrive et ça arrive souvent, si je suis la c'est à cause de la crise et que j'ai pas eu le choix." je lui parle des 1000 livres et des 300 livres de la formation, il me regarde avec des grands yeux: " Tu as mal compris, le fixe c'est pour les gradés, toi tu gagnes des commissions ou tu ne gagne rien. Quant aux 300 livres, il faut que fasses deux ventes pour les toucher, sans compter que si un de tes clients annulent, tu dois rembourser la boîte. Mais t'inquiètes après une semaine, tu vendras. l'ukrainienne se ramasse vraiment 500 livres par semaine quand c'est une mauvaise semaine"


Ma première journée s'achève avec amertume, il est 22h, j'ai marché toute la journée dans le froid, j'ai eu plus de Cinquante refus, parfois des insultes, dépensé 1O livres par jour depuis plus d'une semaine et je dois encore pointer au bureau et on ne m'a rien dit de tout ça, je suis furieuse et fatiguée. Arrivée au Bureau, avec ma tronche de déterrée, le boss ose me demander si ça va. Je lui répond que difficilement vu les conditions. Je lui déballe tout, il me sort un baratin de commercial, encore un qui me fait dire que demain sera mon dernier jour. Afin de booster mon entrain, il me refile à l'ukrainienne pour la journée...je me dis que je vais vraiment les quitter le lendemain.


23h, j'erre dans les rues de Londres pour rentrer chez moi, je pleure comme un bébé, je n'arrive pas à m'arrêter. Je me demande pourquoi j'ai quitté le Maroc, ma vie, mon boulot et ma dignité. Je rentre épuisée et m'enlise dans un sommeil sans rêves.


Lendemain, 10h, il faut y aller. Dans le métro, je suis comme tous ces gens qui font la gueule et qui n'aiment pas leur vie, je croise ma collègue voilée, elle aussi fait la gueule. Elle me raconte que sa journée d'hier était horrible. Elle ne savait à quel point celle qui allait se dérouler allait être pire.


12h, nous sommes dans la grande salle, le Big boss arrive: " Comment ça va tout le monde?!!!!" " bien chef!!!!!" " prêts pour la bataille?" ' oui chef!!!" cri de guerre, tapotement de main, embrassades et sourires, surtout sourire. La je souris moi aussi car je me dis que c'est ma dernière journée. Je deviens cynique.


Deux heures après, la folle de l'Est commence à déblatérer son discours, j'ai envie de l'étrangler, comme dans Ali Mac Beal. Arrivés sur le terrain, au fin fond de Londres, il pleut. il tombe des cordes. Elle n'a pas de parapluie, moi si. Mais ça n'a pas l'air de l'affecter, elle court d'une porte à l'autre, elle sourit, saoule les clients, qui je ne sais comment la laisse rentrer pendant que moi malgré ma bonne volonté, je ne reçois que des portes qui claquent. Je suis trempée, j'ai mal aux pieds, j'ai froid. Me voyant comme ça, une gentille dame, d'origine pakistanaise me fait entrer, elle m'offre du thé et des gâteaux, je me rend compte que j'ai faim et que je ne mange qu'un sandwich merdique par jour depuis 1 semaine. Je lui parle de mon produit, elle est intéressée mais ne sait pas si elle peut se l'offrir. Je dois en aviser la folle car elle est ma boss et que je ne suis d'apprentie. La femme me parle de sa vie, j'aime discuter avec elle, j'aime discuter avec les gens mais pas leur vendre quoique ce soit, je respecte leurs problèmes financiers, je n'aime pas pousser...une piètre commerciale en somme.


La folle arrive. Elle s'installe, baratine. Le femme explique qu'elle ne peut pas se payer quoique ce soit, la folle insiste, la femme est agacée et je le vois sur son visage. La folle finit par renoncer et la femme me dit que je peux revenir quand je veux et qu'elle m'aime bien. Sauf que je n'ai toujours pas d'argent. l'ukrainienne me dit que c'est encourageant. "tu es rentrée dans 3 maisons aujourd'hui, bientôt tu vas vendre j'en suis sûre!" J'avais beau lui expliquer que c'était mon métier, communiquer avec les gens mais cette dinde n'a jamais compris que j'étais journaliste. Elle s'en fichait complètement d'ailleurs.


22h, nous nous retrouvons tous à la station de train avec le big boss qui avait fait le déplacement sur le terrain, histoire de montrer qu'il était passé par là lui aussi, et pour nous redonner du courage. Hélas, je ne suis pas anglaise, je vois juste que je n'ai pas d'argent, que je suis fatiguée et que je déteste que je fais. Et que je vais tomber malade à force.


Nous rentrons au bureau, la folle est contente de moi, moi je suis contente car je vais partir. Ma décision est prise. En fait elle était prise depuis le moment où je m'étais abritée sous le perron d'une maison après 4 heures de marche non stop car il pleuvait à torrent. " Tu vas mieux qu'hier Vanessa" me dit le boss " oh oui monsieur parce que...je vous quitte" stupéfaction dans la salle: " ce n''est pas pour moi, voici votre badge, ce fut une expérience intéressante mais amplement suffisante" je rend mon badge, mon PHD, tout et je franchis la porte, le sourire aux lèvres. Cette nuit là, j'avais l'impression de voler, j'ai appelé mon colloc et nous sommes partis célébrer ma démission. Comme le dirais la Pub du Loto: AUREVOIR AREVOIR PREEEESIDEEENNNNTTT AUREVOIR!!!


mardi 10 novembre 2009

Ces Marocains qui ont réussi à Londres



Youssef Lahlou, portfolio manager chez Silk Invest


Entre Londres, Dubaï, Le Caire et surtout Casablanca, Youssef Lahlou, portfolio manager, travaille, depuis un peu plus d’un an, en tant que détaché pour Silk Invest, «la route de la soie», une société londonienne d’investissements, dont les cibles majeures sont les entreprises cotées en Bourse dans les pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Après des études aux Etats-Unis et à Londres, ainsi qu’une expérience professionnelle de 3 ans au Maroc, il nous raconte son étonnant parcours, parfois difficile, mais qui, néanmoins, lui en aura beaucoup appris. Après un premier cycle universitaire en Finance et en commerce international aux Etats-Unis, plus précisément en Arizona, Youssef Lahlou s’envole pour Londres en 2004, sur les conseils avisés d’un de ses professeurs.


Accepté à la LSE, London School of Economics and Political Science, il y passe un an, le temps de finir son master. En 2005, il décide de rentrer au Maroc, faute de pouvoir bénéficier des avantages de la nouvelle loi de 2006, autorisant les étrangers à chercher un emploi un an après leurs études. Il intègre alors une société de Bourse marocaine où il passe 3 ans. Une expérience intéressante et laborieuse selon lui: «Je ne connaissais pas la mentalité marocaine au travail. On m’avait conseillé de rentrer car le Maroc se développait au niveau des investissements, néanmoins, en interne, l’évolution était relative». La réadaptation est donc difficile.Toutefois, après 3 ans dans ce milieu, Youssef Lahlou admet avoir beaucoup appris et ne regrette pas pour autant cette expérience, car c’est grâce à elle qu’il a intégré Silk Invest, un an après. Ce fut un pur concours de circonstances.


La rencontre avec Bekkali, un Néerlandais d’origine marocaine et ancien directeur de Fortis, qui cherchait des contacts pour des opportunités d’investissement au Maroc, sera décisive. Il lui propose de travailler pour sa société Silk Invest quelques mois plus tard en tant que détaché au Maroc. La société, fondée en plein temps de crise, avait peu de chances de percer. Concurrent direct d’autres fonds d’investissements tels que ceux de Morgan Stanley et d’UBS, l’entreprise a choisi pour stratégie de recruter des gestionnaires de fonds indépendants et connaisseurs de leur marché respectif dans leur pays d’origine en Afrique et au Moyen-Orient, afin de suivre l’évolution de ces marchés sur place. Une tactique originale qui leur a valu de nombreuses distinctions l’année dernière telles que le Best African Investor ou encore le Best African Fund à New York et en Turquie. Depuis son succès, la firme a d’ores et déjà développé d’autres fonds d’investissements tels que l’obligataire et prévoit un quatrième fonds-capital risque dédié à l’agroalimentaire pour le premier semestre 2010, au plus grand bonheur de Youssef Lahlou. «J’ai l’avantage de collaborer avec des étrangers au sein d’un pays que j’aime malgré ses imperfections. II est déjà sur la bonne voie, mais il faut avant toute chose réduire le nombre de formalités administratives pour ouvrir une société au Maroc ou pour y investir. En Tunisie, le délai des formalités est de quelques jours, alors que chez nous il est de plusieurs mois, ce qui décourage certains investisseurs. Nos voisins sont un peu plus en avance sur cet aspect, mais je reste confiant en l’avenir de notre pays».

Londres et le FSA, un gage de fiabilité


MONTER une entreprise en temps de crise n’est pas ce qui est de plus facile. Afin de résoudre ce problème et offrir un gage de fiabilité et de qualité aux investisseurs, les partenaires de Youssef Lahlou ont décidé de créer Silk Invest à Londres pour obtenir l’autorisation du FSA (Financial Services Authority). Cette mention légale, obligatoire, permet de protéger les intérêts des consommateurs et d’éviter les escroqueries ou les erreurs potentielles des entrepreneurs. Les consommateurs peuvent être assurés qu’ils ont affaire à des entreprises où le traitement équitable des clients est au cœur de la culture d’entreprise.