mercredi 7 janvier 2009

rurales et divorcées, les nouvelles prostituées de la société


voici un reportage que j'avais fait lors de mon séjour à Perspectives Med.


Gras

Exclues et pauvres, bien des fois victimes de violences verbales et physiques, les femmes divorcées n'ont pas fini de payer le prix de leur liberté. Libérées d'un mari despotique, elles se retrouvent alors confrontées à de nouveau obstacles encore plus douloureux. Elles deviennent femme de ménage pour la plupart, parfois elles font le trottoir pour subvenir aux besoins de leurs enfants. Certaines affrontent leur pénible existence, d'autres finissent par y renoncer sous la pression d'une société hypocrite et impitoyable. Leur calvaire est encore plus dur à supporter lorsqu'elles sont issues des campagnes. un univers où la femme n'a pas plus de considération qu'un objet.


"Etre divorcée aujourd"hui au Maroc, c'est être une p..."Les mots sont crus mais bien réels: Depuis la nouvelle moudawana, encore très méconnue par toutes ces femmes, rien n'a vraiment changé, les mentalités sont les mêmes et ne semblent pas prêtent d'évoluer. Séparées, divorcées ou en pleine procédure de divorce, toutes ont payé le prix de leur liberté. Pour des raisons exclusivement sociales, elles mentent sur leurs conditions ou se taisent. Si dans les villes, les femmes divorcées sont tolérées, dans le milieur rural, elles sont vicitmes de violences physiques ou morales. Fatiha est séparée depuis 4 ans de son mari et attend le divorce comme le messie, afin de recommencer une nouvelle vie.

Une vie qu'elle appréhende malgré tout, car elle a assumé dans sa chair, les conséquences d'être sans époux.

" Les gens de ce patelin n'arrivent pas à concevoir que je puisse vivre seule. La femme de mon voisin avait peur pour son mari. Elle pensait qque j'avais des vues sur lui alors qu'il ne m'a jamais intéressé. Une nuit, les hommes du village m'ont passé à tabac et lorsque je suis allée chez les flics, on m'a gentillment renvoyé chez moi...j'en ai encore les cicatrices." Pour prouver sa bonne foi, elle nous tend le certificat médical et son bras envore meurtri. Mais ces bleux là sont moins violents que les bleus à l'âme qui ont plus de mal à guérir.

"Je savais qu'on me prenait pour une prostituée mais je n'aurai jamais pensé qu'ils oseraient envoyer la police chez moi pour m'incriminer d'atteinte aux bonnes moeurs" témoigne Fatiha.

"Un jour, mon frère est rentré saoul chez moi avec un ami à lui, mes enfants étaient là, je les ai fait rentrer. Quelques minutes plus tard, les flics ont débarqué pour nous arrêter. J'ai dit que c'était mon frère mais comme nous n'avions pas le même père, il fallait que je retrouve les documents attestant de notre lien de famille. Pendant des semaines, j'ai du venir au commisariat avec nos papiers et nos livrets de famille pour sortir mon frère de prison. J'ai appris que cela ne servait à rien, un voisin avait corrompu le commisaire contre 2000 Dh pour que moi aussi j'ailles en prison. J'ai du donner tout mon salaire et emprunter à doite à gauche pour éviter l'incarceration pour un crime que je n'avais pas commis."

Le pire dans tout cela est que le comissaire en question continu d'exercer en toute tranquilité.


Naima, elle aussi, a vécu ce genre de supplice. "On m'a craché au visage et battue". Elle fond en larme. "Je suis née à la campagne et on m'a marrié à 15 ans avec un jeune homme du village; j'ai divorcé 2 fois; la première fois, j'ai été répudiée par mon mari qui avait fait rentrer deux autres femmes dans notre lit. Je suis partie de chez moi, sans mon fils avec rien d'autre que la djellaba que je portais. Je n'avais nulle part où aller. Mon père ne voulait pas que je revienne dans la maison familiale, c'était la "hchouma" auprès des voisins alors je suis allée voir un ami. Pour avoir de l'argent j'ai du me prostituer et pour oublier j'ai commencé à boire et à fumer de l'herbe. J'ai rencontré mon deuxième mari 10 ans après. jJavais 29 ans, j'ai longuement hésité avant de me remarier mais j'en avais tellement marre de cette vie que j'ai accepté. Lui aussi m'a finalement mal traité et trompé."


Fati, une autre femme du village, agée de 27 ans et qui en parait 40, raconte la pression qu'elle a subi pour être libre. "Avec mon mari, rien n'allait, il me battait souvent, J'ai réussi à obtenir le divorce, à l'époque, il y avait encore l'ancienne moudawana. Mes parents ne voulaient plus rien savoir de moi, j'étais une fille indigne; Pour les voisins, j'étais une p...et lorsque j'ai voulu quitter la campagne pour la ville et louer un appartement, les propriétaires refusaient car je n'étais pas mariée...Je gagnais pourtant ma vie!!" j'ai pensé à ma fille, c'était déjà difficile pour elle d'assumer d'être la fille d'une femme divorcée, je ne pouvais pas la rendre SDF; iI n'y a ni lois ni justice pour nous."


Entre mensonges et découragements

Fati a fini par se remarier avec son mari. Sans le sous et humiliée, il n'y avait pas d'autres solutions, selon elle. Fatiha qui vit seule avec ses deux enfants et gagne honnêtement sa vie en tant que femme de ménage n'accepte pas de renoncer à cette liberté si chère payée. "j'ai du retourner vivre à la campagne depuis que j'ai quitté le domicile conjugal. Les loyers étaient trop chers en ville mais surtout personne ne voulait me louer quoi que ce soit parce que je n'avais pas d'époux"
Un constat alarmant qui revient souvent dans la bouche de toutes ces femmes; il existe pourtant d'autres possibilités pour vivre tranquille: vivre cachée et mentir pour survivre.
(suite en haut de page)

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