mercredi 21 janvier 2009

Investissements espagnols: L’effet Zapatero

articles de l'économiste

· Croissance fulgurante dès 2004· Les rencontres commerciales hispano-marocaines se multiplient· Aide financière: 557 millions d’euros sur trois ans

LES entrepreneurs espagnols installés au Maroc jubilent. Et pour cause! Les relations économiques et commerciales entre le Maroc et l’Espagne «ont évolué très positivement depuis quelques années». C’est ce qu’ont déclaré des patrons lors d’une rencontre avec des journalistes espagnols à la Chambre de commerce espagnole à Casablanca. Selon de tous derniers chiffres officiels, cette amélioration des affaires est particulièrement due à l’arrivée de José Luis Rodriguez Zapatero au pouvoir en 2004. Ce lien de cause à effet paraît justifié. En effet, les investisseurs espagnols reconnaissent l’influence des différents gouvernements dans l’entente entre les deux pays. Certains d’entre eux pensent que la participation de l’Espagne à la guerre d’Irak a refroidi les relations commerciales alors que du côté marocain, on pense qu’il s’agirait davantage de la crise de l’île Leïla en 2002, période de gouvernance d’Aznar. Il est vrai que quelle qu’en soit la raison, cette année là n’a pas été très fructueuse. D’après les chiffres de l’Office des changes, les investissements espagnols se montaient alors seulement à 389 millions de dirhams. En 2006, ils grimpaient à 7,4 milliards de dirhams. En 2004, soit un an après l’élection du nouveau Premier ministre, le Maroc était déjà le onzième client de l’Espagne, absorbait 1,4% d’exportations totales espagnoles et 5,3% de la totalité des investissements ibériques destinés aux pays étrangers. D’autres chiffres viennent confirmer cette thèse. Le commerce bilatéral a atteint les 5 millions d’euros en 2006, soit plus de 55 millions de dirhams et les ventes au Maroc ont augmenté de 40%. Durant cette même année, l’Institut de commerce extérieur espagnol (ICEX) a déboursé 0,63 million d’euros, soit plus de 6 millions de dirhams pour sa promotion commerciale.

Cette année, l’enveloppe est de 1,5 million d’euros. Actuellement, l’Espagne est le second investisseur étranger au Maroc, juste après la France, avec pas moins de 600 entreprises tous secteurs et tailles confondus. Selon le ministère de l’Industrie et du Commerce espagnol, ces entreprises se divisent en deux groupes: un premier versé dans le commerce avec des intérêts dans le tourisme, l’énergie, l’agriculture et les télécommunications. Mais aussi la construction et l’agroalimentaire. Le second groupe inclut les entreprises qui investissent financièrement dans l’infrastructure, le tourisme, les services publics (tels que l’eau et l’électricité), l’énergie renouvelable, le transport et la pêche. D’après un rapport de l’ambassade d’Espagne, le Maroc est le pays d’Afrique qui a le plus capté d’investissements espagnols, considérant les nombreux projets dans les télécommunications, l’industrie du tabac, le tourisme et l’immobilier. Telefonica, Altadis, Fadesa, Alsa et Tecmed font en effet partie de ces groupes qui ont poussé leurs pions au Maroc. Selon l’Office des changes, le tourisme, l’immobilier et l’industrie marocaine sont les secteurs de prédilection des Espagnols avec une explosion des investissements de 354% entre 2004 et 2005 pour l’industrie. En 2002, les investissements dans le secteur industriel ne dépassaient pas les 7 millions de dollars, soit environ 54 millions de dirhams. En 2005 ils caracolaient à près de 80 millions de dollars! Encore une ascension fulgurante! Cette année-là, l’investissement total des Espagnols avait franchi la barre des 1,5 milliard de dirhams, un chiffre qui a triplé depuis 2004 où on comptabilisait 485 millions de dirhams. Beaucoup d’Espagnols, qui n’osaient pas investir en pays arabes, se précipitent aujourd’hui sur le marché marocain ou renforcent leur présence. Serait-ce une ruée vers l’or ? Dans le secteur bancaire, les grands établissements espagnols reconnaissent qu’ils ont particulièrement intérêt à s’agrandir au Maroc. La Caixa, déjà représentée, pense investir encore plus que son concurrent Santander dont l’intention serait d’augmenter sa participation dans Attijariwafa bank, déjà de 14,55%. Selon José Manuel Reyero, conseiller commercial et économique d’Espagne au Maroc, le Royaume est le huitième client de la péninsule ibérique et le troisième hors Union européenne. «Les relations économiques ne peuvent être meilleures. Il y a chaque jour un peu plus d’entrepreneurs espagnols qui s’intéressent à l’évolution de l’économie marocaine, c’est un climat d’affaires propice que nous espérons avoir avec d’autres pays».

Cet engouement est doublement partagé par les entreprises marocaines qui ont également décidé de s’exporter et plus concrètement en Espagne. L’implantation de la chaîne de vêtements marocaine Marwa illustre parfaitement cette tendance (cf. www.leconomiste.com; édition du 4 novembre 2007). Il faut dire que les rencontres et les activités hispano-marocaines se multiplient ces derniers temps. En octobre, le salon de l’immobilier dans le nord du Maroc avait mobilisé beaucoup d’entrepreneurs et investisseurs espagnols (cf. www.leconomiste.com; édition du 31 octobre 2007). D’ailleurs, dans ce même secteur, Fadesa vient de vendre au groupe marocain Addoha 50% de sa filiale marocaine pour 1,3 milliard de dirhams. L’appui du Maroc au forum méditerranéen du processus de Barcelone et au salon international de la logistique de la même ville avait également permis des rencontres d’entreprises des différents pays méditerranéens. Une autre rencontre de ce type entre le Maroc et l’Espagne est d’ailleurs prévue en 2008.

Dette: 385 millions de DH à convertir
UN plan intégral de développement du marché marocain est en cours d’application pour la période 2007-2009. Ce plan porte sur 567,4 millions d’euros (soit environ 6,5 milliards de dirhams). Un fonds d’aide au développement (FAD) a été enclenché avec à la clé plus de 150 millions d’euros en crédits mixtes. Un fonds d’étude de viabilité (FEV) sur la même période est doté de 3 millions d’euros. Cette ligne de financement est un instrument de politique commerciale qui a pour but l’internationalisation de l’entreprise espagnole, grâce à l’introduction d’ingénieries et de technologies dans les phases de préparation des projets dans un secteur d’un pays du tiers-monde. Pour la conversion de la dette en investissements et publics, un montant de 34 millions d’euros (385 millions de dirhams) est prévu entre 2007 et 2009. Ces aides ne sont pas «gratuites», elles permettent de faciliter aux Espagnols, l’accès à l’information du marché marocain, spécialement sur les nouvelles technologies. Mais également de former des professionnels en commerce extérieur, qui pourront facilement s’intégrer aux entreprises de manière à renforcer le processus d’internationalisation du Maroc. D’autres moyens non financiers sont aussi mis en œuvre pour promouvoir le commerce et l’image des entreprises espagnoles au Maroc (voir tableau). Une enveloppe de 3,9 millions d’euros est mobilisée entre 2007 et 2009. L’élimination des obstacles pour l’accès au marché marocain est également enclenchée grâce à l’amélioration de la sécurité juridique et économique ainsi que par la reconnaissance d’accords qui certifient la conformité des règlements marocain et espagnol. Des accords de formations bilatérales devraient voir le jour d’ici le début de l’année prochaine à travers le programme de Captation et de Formation des professionnels étrangers (POPEX). Enfin, en plus de l’implantation d’une plateforme informatique cette année, la publication d’un guide des affaires du Maroc est en cours de réalisation. Il est prévu des portails d’informations sur l’Espagne en français et en arabe afin de faciliter la communication entre le Royaume et la péninsule ibérique.

Vanessa PELLEGRIN

Allocations chômage: Les Marocains premiers bénéficiaires en Espagne

articles de l'économiste

Ils concentrent un quart de l’enveloppe allant aux immigrés· Le chômage en hausse dans les services, la construction et l’agriculture ·

Climat économique ou réelle discrimination?Les Marocains sont les plus nombreux à toucher le chômage parmi toutes les populations immigrées en Espagne. Ils sont même en tête de liste d’après les tout derniers chiffres de l’Inem, le service public de l’emploi espagnol. Le ministère du Travail ibérique enregistrait, fin novembre, près de 200.000 étrangers en situation de chômage. Un chiffre en augmentation depuis l’année dernière. Depuis le mois d’octobre, on remarque que le nombre d’immigrés qui touchent des indemnités de chômage en Espagne, a augmenté de moitié jusqu’à atteindre 119.429 bénéficiaires. L’Inem débourse globalement 102 millions d’euros, soit 1,2 milliard de dirhams en prestations chômage pour les étrangers, soit 7,7% de l’enveloppe totale dédiée aux chômeurs inscrits en Espagne, toutes nationalités confondues. Sur les 102 millions d’euros, 27,3% sont destinés aux Marocains. Le reste est partagé principalement entre les Équatoriens, (11,5% des allocations), les Roumains (7,9%) et les Colombiens (7,2%). Les bénéficiaires étrangers extracommunautaires ont atteint le nombre de 89.517, soit 30% de plus qu’en 2006. En outre, les hommes étrangers sont plus nombreux que les femmes à toucher le chômage. Ils sont 109.032 contre 89.322 femmes, avec une croissance annuelle de 32,6 et de 12,8% respectivement. Les 25 ans et plus dépassent les 178.000 chômeurs, soit 8,1% de plus que l’année dernière. Les Marocains nés en Espagne sont plus nombreux à ne pas vouloir travailler que les Marocains immigrés, qui généralement se retrouvent sans emploi contre leur gré. Pour les différents secteurs d’activité, même constat. On observe une augmentation croissante dans les services avec 111.885 chômeurs immigrés dont 4,8% de Marocains, suivis par la construction avec 43.571 chômeurs étrangers, soit une augmentation de 57,5% par rapport à 2006. L’industrie subit aussi cette hausse du chômage mais se trouve moins touchée comparée à l’agriculture qui compte 9.078 chômeurs, dont 22,7% de Marocains enregistrés au ministère de l’Emploi. Les chiffres de la sécurité sociale permettent d’avoir une vision globale du chômage de cette catégorie de population dans les différents domaines d’activité, grâce au type de cotisation choisi par l’immigré. En effet, l’emploi des étrangers hors Union européenne est plus important dans l’agriculture et l’hôtellerie de manière générale et, par conséquent, les cotisations sont plus importantes. Cependant, les «autonomes» cotisent beaucoup moins, tout simplement parce que ce champ d’activité permet plus facilement de travailler «au black». Les Marocains sont très peu nombreux à faire partie de cette catégorie, contrairement aux Chinois.La Catalogne, la région de Madrid et l’Andalousie sont les régions les plus concernées par le phénomène. Logique lorsque l’on sait que la majorité des travailleurs y vivent et y travaillent (cf. notre édition du 19 octobre 2007 www.leconomiste.com). Le taux de chômage est en hausse pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le nombre de travailleurs immigrés ne cesse d’augmenter et beaucoup de secteurs ne peuvent absorber toute cette population additionnelle. Cette saturation du marché du travail espagnol s’est beaucoup fait ressentir en novembre dernier. Même s’il est vrai que beaucoup de Marocains ne trouvent pas d’emploi pour des raisons propres à l’évolution de l’économie espagnole, il subsiste néanmoins une discrimination à l’embauche. D’ailleurs, le compte rendu officiel du ministère le mentionne. Il arrive parfois que les employeurs prétextent cette saturation pour ne pas employer d’étrangers, souvent extracommunautaires. Les Marocains, et plus particulièrement les femmes marocaines, souffrent de cette situation.

Pour 149.800 femmes actives, 48.600 sont sans travail et à la recherche d’emploi.Malgré ces chiffres alarmants, l’évolution des travailleurs étrangers dans la péninsule ibérique a été plutôt positive selon le ministère de l’Emploi, même si, autre point, elle ne concerne que les secteurs où beaucoup d’Espagnols refusent de travailler et où la demande de main d’œuvre est importante. L’industrie, le commerce, la construction ou encore l’hôtellerie en font partie. Suite à la campagne de régularisation massive des sans-papiers décrétée par Zapatero, les emplois domestiques ont été régularisés et ont permis l’embauche de beaucoup d’étrangers. Cette croissance a été maintenue jusqu’à cette année. En 2005, ils étaient 76.148 employés de maison contre 250.022 en 2006. En 2007, ils ne représentaient plus que 183.174 personnes. Beaucoup d’étrangers, et particulièrement les femmes étrangères, ont effectivement profité de cette campagne de régularisation afin de pouvoir travailler dans d’autres domaines comme l’hôtellerie ou les services. Une «méthode» souvent adoptée par les immigrés et les Marocains d’Espagne pour trouver un travail meilleur. Une tentative plutôt difficile pour ces ressortissants dans un pays qui pratique beaucoup la discrimination.

La préoccupation majeure des Espagnols
Le chômage des immigrés et plus particulièrement des immigrés marocains n’enchante pas les Espagnols, surtout quand les chiffres sont en hausse! Accusés de «voler le pain des Espagnols» lorsqu’ils travaillent ou de «profiter du système» lorsqu’ils ne travaillent pas, les Marocains jouissent d’une très mauvaise réputation. D’après une enquête réalisée auprès du Congrès espagnol, avec, à l’appui, près de 3.000 questionnaires remplis par des Espagnols sur tout le pays, le chômage est leur préoccupation principale avec l’immigration, loin devant le terrorisme. Depuis le mois de septembre, date de la dernière enquête de ce type, où le chômage était également le sujet principal, le score du sondage a augmenté de 2,5 points concernant cette question.

Vanessa PELLEGRIN

maroc blog awards 2008

article de l'économiste datant du 27 décembre 2007, sur le phénomène des blogs

Maroc Blog Awards 2008: And the winner is…

· Les premiers résultats doivent tomber ce jeudi· Remise des prix à Casablanca en février · Plus de 120 participations, 450 nominations et 200 blogs citésAvis à tous les bloggers marocains! Vous pouvez consulter dès ce jeudi les premiers résultats du Maroc Blog Awards 2008, le concours virtuel qui décernera aux candidats le prix du meilleur blog de l’année 2007. Dix-sept bloggers marocains y gagneront dix-sept prix dans dix-sept catégories. Une large palette dressée par les organisateurs de l’événement, qui ne sont autres que les membres du team Blogotour de 2007, Younès Quassimi, Ahmed Chegaoui et Mehdi Reghai. Le choix des participants ainsi que des lauréats a été ouvert au grand public et s’est fait directement sur le site officiel du Maroc Blog Awards (www.marocblogawards.com). Les votes sont garantis par les créateurs de l’évènement, qui ont promis une totale impartialité. D’ailleurs, 5% des candidatures n’ont pas été validées pour cause de fraude, mail non valide ou participation répétée. Les règles de cette cyber compétition sont avant tout basées sur les ‘‘awards’’ les plus connus sur Internet, de manière à rendre l’événement plus fiable et le faire gagner en importance et crédibilité. Cette première édition compte déjà, à l’heure où nous mettons sous presse, plus de 120 participations, 450 nominations ainsi que plus de 200 blogs cités. Mais aussi des sponsors dans la presse, tel que le magazine Exit. Afin de toucher un public plus large et de pousser à la participations de tous les «cyber écrivains», des versions anglaise et arabe du site officiel de l’organisation, ont été mises en ligne.Selon les organisateurs du concours, la concurrence aura été rude pour les groupes concernant le meilleur blog Humoristique et le meilleur Écrit. D’autres, au contraire, ont manqué de candidats. Il s’agit, notamment, des catégories Artistique et Podcast. Le prix du Meilleur blog de l’année, des meilleurs blogs Politique IT, etc., font partie des genres les plus sollicités. Ces trophées seront décernés à Casablanca en février prochain aux bloggers les plus influents de la blogosphère. Après des débuts difficiles, les organisateurs sont rassurés de voir qu’un grand nombre d’internautes se sont prêtés au jeu. Des sites Internet de chat et de rencontres, tel que Facebook, ont permis de faciliter la diffusion des informations sur la compétition. Une compétition qui a pour but ultime la reconnaissance d’un nouveau moyen d’information et de communication. En effet, on peut recenser dans la blogosphère marocaine, plus de 40.000 blogs, soit le double depuis le début de l’année, tous classés par section (Politique, Société, Médias, TIC.. ). Parmi ces écrits virtuels, on peut facilement reconnaître les «cyber stars» comme par exemple, le «citoyenhmida», «larbi», «ossama» et bien d’autres encore, qui participent évidemment au concours. Certains même suivent les médias en leur fournissant des informations complémentaires sur des sujets qu’ils n’auraient pas assez développé. Ce phénomène a tellement pris d’ampleur que les organisateurs pensent à créer un slogan afin de développer «l’esprit blog». On ne devrait pas tarder à voir des slogans du type «Blog, express yourself!» ou encore «blog me, I’m famous» sur certains t-shirts. Plus qu’un moyen d’expression, il s’agit là d’une sorte de nouveau journalisme.


Les 17 catégories de blog
Meilleur blog Marocain 2008, meilleur Écrit, meilleur Rookie (ou Nouveau blog), meilleur blog Ado, meilleure Action Solidaire, meilleur blog Collaboratif, meilleur blog Thématique, meilleur blog Politique, meilleur blog IT, meilleur blog Linguistique, meilleur blog en Arabe, meilleur Design de blog, meilleur Photoblog, meilleur blog Musique, meilleur blog Artistique, meilleur blog Humoristique, meilleur Podcast.


L’effet Facebook
Plus qu’un blog, plus qu’un site de rencontre, Facebook est un véritable site Internet ultra-développé qui regroupe tous les genres et les moyens de communication. On recense plus de 42 millions d’inscrits, tous pays confondus, dont une large proportion de femmes. Même les acteurs et les politiques du monde entier ont compris l’ampleur du phénomène: beaucoup d’entre eux ont décidé d’y adhérer pour gagner en notoriété, connaitre l’opinion de la «rue», ou encore «booster» un électorat. Vous pouvez avoir Monica Belluci, Bertrand Delanöe, maire de Paris, Ségolène Royal, candidate malheureuse à la présidence française, le président du gouvernement espagnol Zapatero comme «amis», et leur laisser le commentaire de votre choix. Ils peuvent vous répondre, même s’ils ne le font pas personnellement. Les politiques marocains seront-ils contaminés?

Vanessa PELLEGRIN

mardi 13 janvier 2009

la peur: ennemi ou moteur?

Il y a une semaine, j'ai litérallement "bloqué" sur une émission sur la 5 qui s'intitulait "6 milliards d'autres". Une maginifique expérience humaine pour tout journaliste qui se respecte. 5 ans de tournage, 75 pays, 5000 interviews d'êtres humains qui traitent des mêmes sujets existenciels: la peur et le sens de la vie.

Inutile de dire que personne ou presque ne connaissait le sens de sa vie. On ne se pose hélàs, jamais la question. Ce monde de fou, capitaliste à outrance ne nous permet plus de spiritualité...on ne se pose plus la question du "pourquoi vit on?" , "pourquoi meurt-on?", l'homme est devenu un animal exclusivement social qui ne vit que dans un monde virtuel: celui de l'argent et des paillètes...et après? quand on y pense tout est si vide de sens, on ne sera passé que sur cette terre pour ne rien y laisser, pas même des choses négatives, juste du superficiel...vous ou un autre etre humain qui meurt, jeune ou vieux, finalement c'est juste un être humain de moins sur ces 6 milliards d'habitants, un bras en moins pour aider à capitaliser encore plus, une bouche en moins à nourrir...un être qu'on pleure finalement peu puisqu'aujourd'hui nos sociétés ne nous laissent même plus le temps de pleurer nos morts...tout doit se faire vite pour ne pas perdre de temps...le temps cette fiction de l'homme qui aujourd'hui nous plombe littérallement nos journées et toute notre vie.

Combien de fois nous nous sommes dit au moins une fois " si j'avais le temps, je voyagerai" "si j'avais de l'argent je ferais ca", nous sommes des êtres qui vivont au conditionnel, rien nn'est concret tout est fictif...comme des drogués, nous nous plongeons dans notre bulle, nous nous réfugions dans notre monde au ralentit, trop peur d'affronter la dure, très dure réalité. Nous avons oublié le vrai sens de la vie, les vraies valeurs humaines, même les raports humains sont faux, intéressés, calculés...c'est donnant donnant ou rien...SOS amitié n'a jamais autant marché que dans notre siècle...une vraie misère humaine qui ne réside pas seulement dans une société que nous avons contruite entièrement de nos mains et qui ne nous est pas adaptée, mais aussi dans la peur de l'autre. Qu'est ce que nous sommes trouillards!!! Nous avons peur de tout: de la vieillesse, premier passage avant la mort, de la mort, des autres qui nous nuient plus qu'ils ne nous font du bien, de la souffrance, de l'amour parce qu'il conduit inévitablement à la souffrance, et nous souffrons paradoxalement de l'individualisme et du vide que représente parfois nos vies.

Nous n'avons plus d'ideaux...plus personne en qui croire, plus de leaders, plus d'espoirs, plus l'espoir d'une humanité en évolution. Où sont les che guevara? les cohen bendit? les lénines? ( même si la suite est loin d'être brillante?) la religion est redevenue l'opium du peuple, notre seule échappatoire vers le spirituel, ce qui donne parfois des abus et des régressions. Nous sommes spirituels, l'être humain a besoin de savoir d'où il vient, il a été fait pour se poser des question sur le sens de sa vie, c'est le seul être qui a conscience de sa fin...et que faisons nous? Nous nous entretuons et nous passons nos journées à être abrutis par des divertissements plus débiles les uns que les autres, nous ne lisons plus, nous ne croyons que ce que nous voyons, autant dire que nous ne croyons donc qu'à la télé, nous ne nous posons plus de questions...nous sommes devenus bêtes et méchants et nous avons renoncé à être meilleurs. Nous nous contentons de notre petite vie qui se résume à se marier pour avoir un écran plasma chez soit... nous nous contentons de souprirer lorsque nous avons à faire à des injustices, nous ne voulons plus voir que le monde souffre, nous nous foutons pas mal que notre "ami"ait mal parce que "chez nous c'est encore pire', nous sommes devenus des robots...parfois, dans des moments de grande solitude, où j'ai l'impression d'être vraiment seule au monde, j'envie les animaux avec leur code d'honneur...nous avons finalement beaucoup à apprendre d'eux. Chaque espèce respecte le petit, fait violence quand il se sent attqué et seulement dans ces cas la...il existe evidemment des hierarchies et des souffes douleurs mais ceux ci ont plus de consideration pour leur meute que nous n'en avons pour les notres.

Après il y a la peur selon chacun. En Afrique, la peur de l'autre, de l'homme est récurente. Du Darfourd au Rwanda, l'homme est un loup pour l'homme. Il est vrai qu'à travers ces témoignages du monde entier on se demande pourquoi nous pouvons être si cruels les uns envers les autres à cause de choses futiles: la terre, la religion, la richesse...nous allons tous mourir un jour et ces choses là ne paraitrons plus si importantes pour nous, que cela soit "la haut" ou "en bas", si cela existe...
l'homme a peur de cette grande inconnue qu'est la mort. Encore plus pathétiquement que lors des siècles passés. Nous n'accompagnons plus nos vieillards vers l'autre vie. Nous préférons les doper à coup de crèmes antirides et de les cacher dans des mouroirs. ils gênent, ils nous rejettent au visage ce que nous serons tous un jour et que l'on veut trop oublier. L'immortalité n'est pas de ce monde et l'Occident l'oublie plus que les sociétés dites "sous développées" qui finalement cotoient la vie comme la mort comme quelque chose d'intrasec, propre à la nature humaine. Certains se résignent, d'autres l'acceptent, ce qui diversifie autant les peurs, ces peurs dans notre monde.
Peur de l'inconnu, nous sommes tous confrontés un jour devant un choix de vie: quel chemin prendre? où cela va t-il me mener? ais je raison?
Cette peur se révèle être un frein pour beaucoup de personnes qui préfèrent ne pas affronter ces choix et se contenter de ce qu'ils ont, c'est le premier des réflexes humain. Au moins même si on n'est pas heureux, on sait à quoi on a affaire...envoyer tout balader du jour au lendemain, c'est autre chose...dans ce cas la peur devient un moteur, on réalise qu'on a qu'une vie, qu'on ne veut pas la gacher et on se lance dans le vide. Très peu regrettent leur choix une fois que cela est fait mais cela représente souvent un prix à payer, parfois cher payé. Comme je vous l'ai dit auparavant tout est donnant donnant.
Jamais je n'ai vu autant de personnes avoir aussi peur de l'engagement, et paradoxalement, avoir aussi peur d'être seul.

Les filles comme les garcons de cette génération veulent de la chair fraiche, consommer à tout va, sans réfléchir...quand certains d'entre eux veulent renoncer à cette vie plus déstructrice que constructive, et loins de moi l'idée d'une morale, ils ne trouvent rien ou mettent un temps considérable à le trouver. Serions nous plus exigeants? Est ce que le côté matériel n'a pas primé sur les qualités physiques ou psychiques de la personne en face de nous? quoi qu'il en soit, ce monde de communication est tout sauf communicatif, il est plus axé sur la promotion et la publicité que sur les qualités intérieures. Nous sommes des CV en chair et en os, mais que pensons nous rélement à l'heure de s'engager? qui s'interesse aux multiples déceptions auxquelles nous nous affrontons tous? on ne sait pas, on ne sait plus...pour trouver chaussure à son pied, il faudrait presque un mode d'emploi.

Où va le monde? Malraux disait justement "le 21e siècle sera spirituel ou ne sera pas", il ne l'est pas...et pourtant de Buenos air à Katmandou, nous avons les mêmes peurs, parfois les mêmes épreuves et souvent les mêmes réflexions. Je vous conseille de le voir vivement, pour les pessimistes comme moi, cela redonne de la crédibilité à l'humanité.

jeudi 8 janvier 2009

suite reportage







Malgré toutes ces vies détruites depuis leur plus "tendre enfance", ces femmes vivent et essayent de rire. Loin de penser à leur mariage forcé, aux coups, au mépris de leur famille et de leur entourage, ces femmes respirent la joie de vivre et profitent de leur existence comme elles le peuvent. Même si elles ne pensent plus à se remarier, elles ont des hommes dans leurs vies.



"j'ai trois amants en même temps" raconte Fatiha. "je sors en boite, jamais je n'y avais mis les pieds avant. Je m'amuse, je me fais belle, je me maquille et je sors avec mes copines qui sont les seules à connaitre mes secrets." Naima avoue aussi avoir quelqu'un dans sa vie mais qu'elle ne voit pas chez elle à cause du voisinage. " Je vais chez lui, il me fait l'amour et je m'en vais, ca me suffit." dit elle en rigolant. Fatima raconte que depuis qu'elle est séparée, elle a repris goût à la sexualité. " c'est autre chose, on est épanouies!". " De toute façon nous ne pouvons pas nous remarier, les femmes divorcées ne sont pas acceptées par les familles des futurs époux et nous devons cacher nos enfants, ce n'est pas viable."
Elle raconte alors ce qui s'est passé lorsqu'elle a connu son deuxième conjoint. " Il voulait que je cache à sa famille, le fait que j'ai un fils, c'était une honte de ramener une femme divorcée. Je m'en suis voulue toute ma vie d'avoir fait ça. Aujourd'hui mon fils ne me parle plus, la famille de mon premier époux a réussi à le convaincre que je n'étais rien."


Fatima raconte aussi qu'il lui est arrivé la même chose lorsqu'elle a voulu s'engager avec son compagnon. "J'étais prête à divorcer mais pas à renoncer à mon fils". C'est d'ailleurs un fait, ces femmes ne veulent pas la même destinée pur leurs enfants. " je veux que ma fille soit libre, qu'elle voyage, qu'elle se marie si elle le souhaite ou qu'elle ne se marie jamais, je m'en fiche. " raconte Fati. Fatiha pense a même chose et s'arrange pour que ses enfants puissent étudier: "Je suis ce qu'on appelle une batarde, je n'ai pas eu la chance d'aller à l'école, je ne veux pas qu'ils connaissent le même sort."


Ces femmes courage méritent un peu plus d'égards de la part d'une société qui ne fait que dresser des barrières infranchissables et qui se permet de les juger...mal.

mercredi 7 janvier 2009

rurales et divorcées, les nouvelles prostituées de la société (suite)




Fatima agée de 38 ans, est séparée de son époux depuis plus de 10 ans; celui ci vit en Lybie. " je raconte que je suis mariée, je ne veux même pas entamer une procédure de divorce car je vis la vie que je désire. Ayant le statut de femme mariée, personne ne peut rien me dire. Je sors et je rentre avec qui je veux quand je veux. Les voisins me laissent tranquille, je travaille et gagne ma vie. Malgré mon vécu dramatique avec mon mari en lybie, personne ne comprendrait que je divorce alors que je profite de ce statut pour faire ce qui me plait. Je suis d'ailleurs en train de m'acheter une maison sans qu'ils le sachent et étant toujours marriée, on me donne des avantages." Comble de l'hypocrise!

Naime acquiesce. " vous ne pouvez pas comprendre que vivre en plein jour, c'est se suicicer"

Depuis quelques années, elle a réussi à quitter la campagne pour la ville mais a dû mentir sur son statut pour avoir la paix. "Personne ne sait que je suis divorcée, pour mes voisins, mon mari est en voyage permanent, j'ai enfin une vie normale, je ne veux pas la gacher." Fatiha n'a hélàs, pas la chance de mentir, mais elle fait preuve d'un rare optimisme. "Un jour je quitterais cet endroit et je m'installerai en ville une fois divorcée sur le papier et la maison vendue. Les femmes d'ici n'ont pas de courage, tous les matins, je me lève aux aurores, et me tape une heure de transport pour aller travailler; rien ne m'enlevera ma liberté."

Elle habite dans un petit village perdu sur la route de Dar Bouazza depuis qu'elle est séparée de son mari. Sa maison, comme elle le décris est un véritable taudis construit en tôle, le toit menace de s'effondrer à la moindre intempérie. Mais il ya bien pire, dans le même bidonville, il y a Aziza et ses deux filles qui vivent dans une baraque faite de cartons et de plastiques (voir photos). Elle aussi n'ose pas partir malgré les mauvais traitements, la pauvreté et les conditions de vie. "Où irions nous? nous sommes couverts de dettes et sans travail."

Des femmes comme elles, il y en a beaucoup plus que l'on ne croit. selon des chiffres du ministère de la justice, 88% des femmes qui demandent le divorce finissent par retourner auprès de leur mari, contre 11% des hommes. Elles sont estimées à 2.472 sur les 21.328 divorce prononcés en 2007. La poportion de demande de divorce cette année là a atteint les 40.000. pas moins de 26.000 femmes en auraient fait la demande contre 14.000 hommes. Quelques 21.328 jugements ont été pronocés et exécutés, et 10.356 dossier sont été rejetés. Le jugement pour désaccord mutuel est le plus invoqué.

Au tribunal des Habous à Casablanca, on peut se rendre compte facilement de la désolation: tout le Maroc est en train de divorcer. Dans toutes les salles, des centaines de femmes et une poignée d'hommes attendent patiemment leur tour, assis, debouts..."c'est comme ça tous le jours et encore là c'est calme" commente un policier.

Une femme agée avec un oeil au beurre noir commence à parler. Elle raconte qu'elle va divorcer après 47 ans de mariage parce que son mari l'a mise dehors après avoir trouvé une femme plus jeune. "j'ai refusé de partir, il m'a frappé, je vis chez ma fille depuis...c'est tellement grave qu'il veut que nos enfants achètent une maison pour sa nouvelle femme." Une autre femme plus jeune témoigne: "Mon mari a essayé de m'empoisonner avec de la mort aux rats quand j'ai voulu le quitter". Dans ce cas au moins justice est bien faite, le conjoint est actuellement en prison.

rurales et divorcées, les nouvelles prostituées de la société


voici un reportage que j'avais fait lors de mon séjour à Perspectives Med.


Gras

Exclues et pauvres, bien des fois victimes de violences verbales et physiques, les femmes divorcées n'ont pas fini de payer le prix de leur liberté. Libérées d'un mari despotique, elles se retrouvent alors confrontées à de nouveau obstacles encore plus douloureux. Elles deviennent femme de ménage pour la plupart, parfois elles font le trottoir pour subvenir aux besoins de leurs enfants. Certaines affrontent leur pénible existence, d'autres finissent par y renoncer sous la pression d'une société hypocrite et impitoyable. Leur calvaire est encore plus dur à supporter lorsqu'elles sont issues des campagnes. un univers où la femme n'a pas plus de considération qu'un objet.


"Etre divorcée aujourd"hui au Maroc, c'est être une p..."Les mots sont crus mais bien réels: Depuis la nouvelle moudawana, encore très méconnue par toutes ces femmes, rien n'a vraiment changé, les mentalités sont les mêmes et ne semblent pas prêtent d'évoluer. Séparées, divorcées ou en pleine procédure de divorce, toutes ont payé le prix de leur liberté. Pour des raisons exclusivement sociales, elles mentent sur leurs conditions ou se taisent. Si dans les villes, les femmes divorcées sont tolérées, dans le milieur rural, elles sont vicitmes de violences physiques ou morales. Fatiha est séparée depuis 4 ans de son mari et attend le divorce comme le messie, afin de recommencer une nouvelle vie.

Une vie qu'elle appréhende malgré tout, car elle a assumé dans sa chair, les conséquences d'être sans époux.

" Les gens de ce patelin n'arrivent pas à concevoir que je puisse vivre seule. La femme de mon voisin avait peur pour son mari. Elle pensait qque j'avais des vues sur lui alors qu'il ne m'a jamais intéressé. Une nuit, les hommes du village m'ont passé à tabac et lorsque je suis allée chez les flics, on m'a gentillment renvoyé chez moi...j'en ai encore les cicatrices." Pour prouver sa bonne foi, elle nous tend le certificat médical et son bras envore meurtri. Mais ces bleux là sont moins violents que les bleus à l'âme qui ont plus de mal à guérir.

"Je savais qu'on me prenait pour une prostituée mais je n'aurai jamais pensé qu'ils oseraient envoyer la police chez moi pour m'incriminer d'atteinte aux bonnes moeurs" témoigne Fatiha.

"Un jour, mon frère est rentré saoul chez moi avec un ami à lui, mes enfants étaient là, je les ai fait rentrer. Quelques minutes plus tard, les flics ont débarqué pour nous arrêter. J'ai dit que c'était mon frère mais comme nous n'avions pas le même père, il fallait que je retrouve les documents attestant de notre lien de famille. Pendant des semaines, j'ai du venir au commisariat avec nos papiers et nos livrets de famille pour sortir mon frère de prison. J'ai appris que cela ne servait à rien, un voisin avait corrompu le commisaire contre 2000 Dh pour que moi aussi j'ailles en prison. J'ai du donner tout mon salaire et emprunter à doite à gauche pour éviter l'incarceration pour un crime que je n'avais pas commis."

Le pire dans tout cela est que le comissaire en question continu d'exercer en toute tranquilité.


Naima, elle aussi, a vécu ce genre de supplice. "On m'a craché au visage et battue". Elle fond en larme. "Je suis née à la campagne et on m'a marrié à 15 ans avec un jeune homme du village; j'ai divorcé 2 fois; la première fois, j'ai été répudiée par mon mari qui avait fait rentrer deux autres femmes dans notre lit. Je suis partie de chez moi, sans mon fils avec rien d'autre que la djellaba que je portais. Je n'avais nulle part où aller. Mon père ne voulait pas que je revienne dans la maison familiale, c'était la "hchouma" auprès des voisins alors je suis allée voir un ami. Pour avoir de l'argent j'ai du me prostituer et pour oublier j'ai commencé à boire et à fumer de l'herbe. J'ai rencontré mon deuxième mari 10 ans après. jJavais 29 ans, j'ai longuement hésité avant de me remarier mais j'en avais tellement marre de cette vie que j'ai accepté. Lui aussi m'a finalement mal traité et trompé."


Fati, une autre femme du village, agée de 27 ans et qui en parait 40, raconte la pression qu'elle a subi pour être libre. "Avec mon mari, rien n'allait, il me battait souvent, J'ai réussi à obtenir le divorce, à l'époque, il y avait encore l'ancienne moudawana. Mes parents ne voulaient plus rien savoir de moi, j'étais une fille indigne; Pour les voisins, j'étais une p...et lorsque j'ai voulu quitter la campagne pour la ville et louer un appartement, les propriétaires refusaient car je n'étais pas mariée...Je gagnais pourtant ma vie!!" j'ai pensé à ma fille, c'était déjà difficile pour elle d'assumer d'être la fille d'une femme divorcée, je ne pouvais pas la rendre SDF; iI n'y a ni lois ni justice pour nous."


Entre mensonges et découragements

Fati a fini par se remarier avec son mari. Sans le sous et humiliée, il n'y avait pas d'autres solutions, selon elle. Fatiha qui vit seule avec ses deux enfants et gagne honnêtement sa vie en tant que femme de ménage n'accepte pas de renoncer à cette liberté si chère payée. "j'ai du retourner vivre à la campagne depuis que j'ai quitté le domicile conjugal. Les loyers étaient trop chers en ville mais surtout personne ne voulait me louer quoi que ce soit parce que je n'avais pas d'époux"
Un constat alarmant qui revient souvent dans la bouche de toutes ces femmes; il existe pourtant d'autres possibilités pour vivre tranquille: vivre cachée et mentir pour survivre.
(suite en haut de page)

mardi 6 janvier 2009

quelques articles de l'économiste

Où travaillent les Marocains d’Espagne 21 octobre 2007 -

L’Espagne recrute partout depuis quelques années, surtout au Maroc. Le temps d’une vendange ou d’un chantier. L’Anapec (Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences) cherche des « candidats » pour le voisin ibérique qui iront travailler quelques jours ou quelques mois pour 35 euros par jour environ. Seuls le logement et le voyage sont compris dans le package. Les frais de visa sont payés par les futurs travailleurs, qui évidemment rentreront chez eux une fois leur tâche accomplie. Voici une réalité des Marocains en Espagne, mais qu’en est-il de ceux qui sont dans ce pays depuis la première campagne d’immigration ? Où travaillent- ils ? Quels secteurs occupent-ils ? Que signifie être « zmagri » en Espagne ?
Après la France, l’Espagne regroupe la deuxième plus importante communauté marocaine d’Europe. Depuis 1991, date de la première loi d’immigration, l’Espagne distribue des visas à tour de bras afin d’alimenter certains secteurs d’activité en manque de main-d’œuvre. Ces secteurs sont l’agriculture, l’industrie, la construction et le tertiaire. Selon de tout derniers chiffres qui s’arrêtent à juillet 2007, sur près de 15 millions d’actifs en Espagne, 240.000 d’origine marocaine ont un emploi, soit 1,6%. On recense dans toute la péninsule ibérique, 604.000 immigrés marocains ayant un permis de séjour, répartis dans différentes régions, à savoir parmi les plus peuplées : la Catalogne avec près de 200.000 personnes, suivie par l’Andalousie (89.000) et Madrid (68.000).
Le secteur primaire est celui qui emploie le plus une population immigrée. Plus d’un Marocain sur trois travaille dans l’agriculture. Dans la construction, ils sont un cinquième. Le secondaire embauche 9% de cette population. Quand au secteur tertiaire, dominé généralement par les femmes, il englobe 27% des travailleurs marocains. Ce dernier comprend l’hôtellerie, les services domestiques et le commerce. En revanche, 6% seulement sont cadres ou exercent une profession libérale.
Cela fait 17 ans, soit le temps d’une demi-génération, que les Marocains ont émigré en Espagne et l’on remarque que ce sont toujours ces mêmes secteurs qui les emploient. La seule différence se trouve dans la nouvelle loi d’immigration, adoptée en 2003, peu après la légalisation massive des clandestins sur le territoire espagnol. Cette loi spécifie le contrôle des frontières : si le visa n’est plus aussi facilement distribué ou prolongé comme il y a quelques années, cela ne veut pas dire que toutes les demandes faites par les immigrés soient rejetées. Selon le ministère de l’Intérieur, le prolongement des visas pourra se faire « exceptionnellement si les étrangers ne formant pas partie de l’ Union européenne résident en Espagne pour raisons humanitaires ou pour une éventuelle collaboration avec la justice ». Ceux-ci doivent évidemment répondre aux critères de la loi afin de demander un permis de séjour. En résumé, la loi a changé, mais pas la situation des Marocains.
Selon l’INE (Institut national de statistiques espagnol), les travailleurs déclarés sont majoritairement des hommes. Ils constituent près de 1,16% de la population active dans la péninsule, soit environ 174.000 personnes, généralement célibataires et âgés entre 20 et 30 ans. Dans l’imaginaire espagnol, l’immigré « type » est un homme, ouvrier, célibataire et âgé de 25 ans. Les femmes représentent moins de 0,5 % des actifs. Elles sont environ 37.000, également célibataires et relativement jeunes. Seule une infime partie de cet effectif englobe les femmes mariées ou divorcées. Les femmes travaillent plus aisément dans les secteurs domestiques. Un tiers d’entre elles sont embauchées comme cuisinière ou serveuse.
Néanmoins, globalement, les proportions varient en fonction de la région de résidence. Par exemple, le secteur agricole prime plus à Murcie qu’aux Baléares. Le secteur industriel reste minoritaire dans tout le pays à part à la Rioja ou dans la Communauté Valencienne où il demeure la principale source d’activité et de richesse de la région.
Les Marocains qui travaillent en Espagne sont à l’évidence plus nombreux. Même si 604.000 personnes sont en situation légale sur le territoire, c’est-à-dire possédant un permis de séjour et bénéficiant de la sécurité sociale, quelques milliers d’autres vivent dans la clandestinité la plus totale ou ne se déclarent qu’à moitié. Selon des sources dignes de foi, la combine serait de se faire enregistrer à la mairie et obtenir une attestation de logement. Cette pratique serait répandue et ne solliciterait aucune contrainte. On pourrait parfaitement déclarer où l’on habite sans pour autant avoir une carte de séjour. Une simple carte d’identité suffirait alors, qu’elle que soit la nationalité. Cette mesure n’est pas pour autant facultative, car elle permet à la Commune de recenser les habitants des environs et de pouvoir obtenir ses papiers définitifs. Elle est aussi normalement destinée à aider l’« Hacienda », le service des Impôts, mais leur communication laisse encore à désirer au grand bonheur de tous les Espagnols et de tous les étrangers résidant en Espagne.
Cette illégalité a pour corollaire l’exploitation relative de cette couche de la population dans tous les secteurs d’activité, particulièrement au sein de l’agriculture et de la construction où les conditions de travail sont souvent déplorables. On se souvient des événements du 17 janvier 2007 où deux jeunes Marocains ont été grièvement blessés suite à un accident de travail : l’un d’entre eux, tout juste âgé de 22 ans, avait succombé à ses blessures.
On se souvient aussi de la tragédie de juillet 2006 qui avait fait cinq morts suite à des irrégularités graves sur un chantier de construction. S’il est connu que les clandestins ne sont pas payés ou très mal payés et qu’ils ne jouissent pas de bonnes conditions de travail, les salariés légaux ne sont guère mieux lotis : rarement déclarés à la sécurité sociale, ils touchent presque la totalité de leur salaire au noir sans être pris en charge en cas d’accident, ajoutant à cela des comportements et des agissements intolérables de la part d’employeurs.
On constate très souvent, dans le secteur de la construction, l’absence de filets de sécurité et de congés payés et, pis encore, le licenciement immédiat en cas de maladie ou d’indisponibilité temporaire. Mustafa Dadda, une des victimes de l’incident de janvier dernier, raconte que « les remparts de sécurité étaient insuffisants » et que « le mur risquait de s’effondrer à tout moment. » D’après certains ouvriers, beaucoup n’osent pas refuser de travailler - alors qu’ils savent que cela comporte un risque pour leur vie - « par peur de représailles ».
Si les immigrés marocains acceptent ce genre de situation, c’est pour plusieurs raisons. Tout d’abord, par manque de choix : à cause de la ségrégation à l’embauche, il est en effet très difficile pour un étranger, de manière générale, de trouver du travail en Espagne, et encore plus pour un Marocain. Sans compter le délit de faciès. Il est clairement spécifié sur des sites Internet destinés à l’emploi, tels que trabajar.com, la mention « espagnol natif ». Cette discrimination est d’autant plus confirmée lorsque l’on sait qu’un Espagnol sur deux est davantage préoccupé par l’immigration que par le terrorisme. Effectivement, selon une étude publiée par l’agence Europa Press sur les principales préoccupations des Espagnols cette année, l’immigration serait en première position du classement en même temps que le chômage.
Selon Abdelhamid Beyuki, président de l’Atime (Association des travailleurs immigrés en Espagne) créée en 1989, « la xénophobie est en hausse et se trouve être partiellement le résultat de ce que transmettent les médias, mais elle est aussi le résultat du message que diffuse le gouvernement espagnol pour justifier sa politique migratoire ».
Toujours selon lui, « le racisme une fois enclenché devient très difficile à combattre et cela se ressent au moment d’être embauché. » Quand à l’exploitation de la population marocaine, il affirme la combattre tous les jours grâce aux syndicats et ONG espagnoles. Tout ceci nous donne une forte impression de déjà vu : malgré la différence d’évolution entre la France et l’Espagne, il semble que l’histoire de l’immigration se répète.
400.000 chômeurs
Tout comme la population espagnole, les Marocains résidant en Espagne souffrent du chômage, même si l’on considère à tort que les immigrés « volent le pain des Espagnols ». Au deuxième trimestre 2007, l’Espagne comptait près de 1,8 million de chômeurs, dont 800.000 hommes, soit 8% de la population active. La tranche d’âge la plus touchée est autant pour les hommes que pour les femmes, entre 25 et 44 ans (392.000 pour les hommes environ, 655.000 pour les femmes). Dans les différents secteurs, primaire, secondaire et tertiaire, on peut compter 65.000 chômeurs dans l’agriculture, 276.000 dans l’industrie, 250.000 dans la construction et encore 1.200.000 dans le secteur des services. Les chômeurs marocains sont au nombre de 400.000, soit 12% de la population immigrée et 5% de la population active totale (10,4% des hommes contre 10,5% des femmes).
L’Espagne championne du déclassement professionnel
Selon une étude de l’OCDE, 50% des immigrés qualifiés entre 15 et 64 ans exercent une profession en dessous de leurs qualifications. Au classement des pays qui intègrent le plus d’émigrés qualifiés exerçant une profession différente de la leur ou sous-qualifiée sont l’Espagne, en tête de liste, suivie par l’Italie et la Grèce. Les raisons de ce « déclassement professionnel » sont la non-reconnaissance des diplômes étrangers extracommunautaires (sauf Etats-Unis) mais également « les phénomènes discriminatoires ».
Même si les émigrés sont plus aptes à obtenir de très bons postes, il n’en reste pas moins vrai que l’on exerce activement ce que l’on appelle « la préférence nationale »). Reste aussi l’éducation. Selon les qualifications, l’insertion peut s’effectuer plus ou moins bien, tout dépend du niveau d’études et de l’aisance de la pratique de la langue du pays d’accueil.

L’Economiste - Vanessa Pellegrin

welcome at all!

Avant de commencer quoique ce soit, permettez moi de me présenter à vous. Je m'appelle Vanessa Pellegrin, je suis née le 17 janvier 1986 à paris de mère israélo-tunisienne et de père Français. Lorsque j'avais 5 ans, nous sommes venus nous installer au Maroc où j'ai grandi jusqu'à l'age de 15 ans. Après quoi, j'ai effectué de nombreux changements de vie dans des pays différents comme les Etats Unis, la France, la Suisse et l'Espagne où j'ai obtenu ma licence en journalisme. Je parle 4 langues, à savoir le Français, l'arabe dialectal, l'Espagnol et l'anglais; Cela va faire 1 an et demi maintenant que je me suis installée à Casablanca. Après avoir collaboré avec l'Economiste et Perspectives Med, je me suis à présent installée en free lance, de manière à pouvoir davantage voyager et éventuellement, préparer un prochain départ vers l'Angleterre. A travers ce blog, j'espère que vous pourrez mieux me connaitre et me faire partager vos opinions sur le monde actuel;

je vous souhaite une très bonne lecture.